L’expérience de Noa à Satya Special School

Un stage professionnel à Satya Special School

Lorsque l’on est étudiant en formation d’éducateur.trice spécialisé.e, on entend parler de ces pays si progressistes dans la relation éducative en structure sociales et médico-sociales. On lit les derniers articles de travailleurs sociaux au Canada, on regarde le dernier reportage sur l’éducation positive en Suède ou en Norvège, puis on entend parler de ce nouveau concept innovant en Belgique pour le bien être de personnes en situation de handicap. Que des pays occidentaux donc, et pourtant…
A 9000 kilomètres de ma ville d’étude de Rennes, j’ai la chance d’intervenir en tant qu’éducatrice spécialisée stagiaire à Satya Special School, une école qui accueille des enfants en situation de handicap (autisme, déficience intellectuelle, trisomie, troubles du comportement, polyhandicap…) s’inscrivants pour la plupart en protection de l’enfance dû à un milieu familial maltraitant et ou insécurisant.
Mon centre de formation offre la possibilité aux étudiants de partir trois mois à l’étranger dans une structure en lien avec le métier d’éducateur.trice spécialisé.e (qui intervient auprès de publics fragiles pour les accompagner dans leur quotidien, dans leurs projets de vie, leur insertion, garantir leurs droits, dans une relation éducative de confiance et sécurisante).
Loin des nouveaux outils et matériels de dernière génération utilisés en occident, c’est tout en simplicité que ces enfants apprennent, jouent, interagissent, se trompent, et recommencent. Ce que je constate dans mes premières observations, c’est la joie d’être à l’école pour ces petits d’hommes (j’interviens dans la section des 2-6 ans, Early Intervention Class). Des sourires toute la journée, un plaisir d’être ensemble. Je ne suis qu’au début de mon expérience dans l’éducation, mais pour déjà avoir travaillé auprès de ce public, je peux ici dire que je n’avais pas vu autant de plaisir se dégager au sein d’une classe de cours.
Un élément de réponse me vient après mes premiers jours auprès des enfants et de l’équipe : une relation entre enseignants et élèves construite autour de l’affection, pour ne pas dire, d’amour. Tout au long de la journée, ces enfants reçoivent la tendresse, l’affection et la joie de ces professionnels exerçants dans le but d’aider ces enfants à grandir dans une société qui les rejettent avec force.
Alors oui, l’autorité ferme des enseignantes a pu parfois m’affecter dans une certaine mesure, mais avec un recul anthropologique en se disant que cette école possède une charte de protection des enfants (violences physiques, psychologiques et morales interdites) dans un pays qui autorise les violences physiques éducatives, j’ai bien conscience d’être auprès de personnes engagées et irrévocablement progressistes sur leur perception du handicap et de l’éducation.
Pour ma première partie de stage, j’ai réalisé un rapport d’observation sur la dynamique de groupe et sur les besoins individuels des enfants. A l’issue de cet écrit, j’ai proposé un projet autour de l’apprentissage et de la gestion des émotions.
Grâce à quelques schémas, je réalise cet atelier en individuel. Première étape, connaître les émotions « primaires », basiques : colère, peur, joie, tristesse, dégoût. A l’issu de cela, et en fonction des capacités de compréhension des enfants (et en anglais), nous travaillons l’identification de l’émotion présente chez l’enfant pendant cet atelier. Si une émotion « négative » est alors, présente, nous cherchons des outils, des clefs pour permettre à l’enfant d’accueillir et de gérer cette émotion. Tout cela est permis grâce au temps suffisamment long que j’ai auprès d’eux pour solidifier cet apprentissage.
Un dernier point remarquable. J’ai évoqué le peu de matériel (en comparant avec la France) dont dispose la structure dans l’accompagnement de ces jeunes. Je constate une plus grande autonomie des gestes (la propreté, se nourrir, faire par soi-même) du quotidien avec des capacités d’adaptation étonnantes avec des enfants porteurs de particularités (notamment dans l’autisme) qui insécurisent si encore une fois, je me permets de comparer ces observations avec mes quelques expériences en France. Selon moi, les professionnels permettent également à ces enfants d’évoluer grâce à une stimulation et des encouragements sans relâche. Ces enseignants sont persuadés du potentiel d’évolution de ces enfants même si le chemin peut être long.
La foie et l’amour de ces enfants, sont les principes avec lesquels je repartirai de cette incroyable expérience qui m’aura enrichie professionnellement et personnellement.

Merci aux bénévoles des Enfants des Rues de Pondichéry sans qui, ce lien n’aurait pas pu exister.

https://www.satyaspecialschool.org/